Prigorodny a longtemps été un lieu de villégiature paisible pour les habitants de Tselinograd, ville secondaire située à une vingtaine de kilomètres. En 1998, Tselinograd devient Astana, capitale flamboyante du Kazakhstan et Prigorodny passe de village de vacances à banlieue par défaut.
Lieu de résidences d’été, Prigorodny est constituée de datchas rustiques en bois au confort sommaire. Elles sont entourées de petits jardins, tantôt entretenus avec minutie, tantôt laissés à l’abandon, au bon vouloir des propriétaires. Les ruelles, cabossées et non revêtues, sont tracées au cordeau dans l’esprit soviétique.
Ces maisons n’ont pas été conçues comme résidences permanentes. Cependant, de nombreux propriétaires y ont effectué des travaux d’ampleur afin de les rendre agréables toute l’année et de passer les hivers très rigoureux sans encombre. Beaucoup d’habitants louent le calme et la verdure des lieux, qui tranchent avec l’architecture extravagante et la pollution d’Astana. Mais pour d’autres, vivre à Prigorodny est une nécessité. La pression immobilière de la nouvelle « Dubai des Steppes » est insoutenable pour beaucoup d’habitants qui se contentent de vieilles datchas insalubres et non isolées.
Mais cette atmosphère de campagne est sur le point de disparaitre. Flanquées entre l’aéroport international et les bâtiments ultra-modernes de l’Exposition Universelle de 2017, les datchas de Prigorodny sont en sursis. Les habitants savent qu’ils seront expulsés un jour. De nouveaux immeubles sortent déjà de terre dans le quartier, tout comme de nouvelles infrastructures, plus en phase avec les besoins réels des habitants : écoles, commerces, aires de jeu.
L’incertitude quant aux dates réelles d’expulsion rend les riverains anxieux. Les habitants regardent déjà leurs jardins avec nostalgie, comme si ce quartier désuet au charme d’un autre temps appartenait déjà au passé.